Abbé Pierre MATHIS 1944 Martyre
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- Catégorie : Guerres
- Publié le mardi 18 mars 2025 10:02
- Écrit par Super User Daniel AUDINOT
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Martyre de l’Abbé Pierre MATHIS le 9 septembre 1944
Né le 12 mars 1911 à Moyenmoutier (Vosges), exécuté sommairement le 9 septembre 1944 à Hennezel (Vosges) ; prêtre ; résistant maquisard FFI.
Pierre Mathis au stalag en 1940.
L’abbé Pierre Mathis, curé d’Hennezel de 1941 à 1944
Fils de Séraphin Mathis, employé, et de Marie Augustine Roilot,tricoteuse, Pierre Mathis grandit dans la commune de Nomexy (Vosges). Il travailla en usine puis à l’âge de seize ans entra au grand séminaire. Il fut ordonné prêtre le 28 mars 1936. Nommé vicaire à Rambervillers, dévoué à la jeunesse, il organisa un patronage et une colonie de vacances durant l’été 1936. Mobilisé en septembre 1939, dans un régiment de chars d’assaut en tant qu’aumônier volontaire, à la frontière belge, il fut ensuite prisonnier à Saint-Valéry- en-Caux en juin 1940 et transféré dans un camp de prisonniers en Allemagne. Après deux mois de captivité, à son retour il séjourna dans les Vosges, à Plainfaing, puis à Etival avant de se voir confier la responsabilité de la paroisse d’Hennezel-Clairy village forestier et verrier au sud du département des Vosges, où il arriva le 12 mars 1941. Il y organisa des activités culturelles et développa l’aide aux prisonniers et ouvriers partis en Allemagne. À l’insu de ses paroissiens et de sa hiérarchie, il s’engagea dans des activités de résistance.
En effet, en 1941, son camarade de régiment le docteur JACSON de Nancy, résistant du groupe Monte-Cristo, lui avait proposé de participer à leurs actions en Lorraine à partir du triangle Vézelise (Meurthe-et-Moselle), Tantonville et Xirocourt, zone forestière à l’écart des grands axes et négligée par les troupes d’occupation. Pierre Mathis accepta d’autant plus qu’il avait fabriqué un poste émetteur-récepteur à partir de pièces récupérées au lendemain de la débâcle, dissimulé dans un placard du presbytère et mis en place des liaisons radio avec les alliés. Londres leur communiqua un indicatif et des données techniques, X42, les liaisons purent s’établir au rythme d’une par semaine, et permirent de passer en clair et en français les messages de Monte-Cristo, déplacements des troupes allemandes, opérations de police, projets de l’ennemi. Durant l’année 1943, il soutint matériellement et moralement les réfractaires au STO du camp de Morillon, maquis trahit et dispersé en février 1944. Devant le risque d’attaque des soldats allemands, le 3 septembre 1944, le maquis voisin de Grandrupt-de-Bains (Vosges) constitué à la mi-août 1944, se déplaça au nord de la Haute-Saône dans la forêt de Morillon à proximité d’Hennezel. Le projet était d’aider les troupes de la 2e DB du général Leclerc, qui approchaient et des parachutages d’armes avaient été prévu le 6 septembre. Le 7 septembre, alors qu’un nombre important de soldats allemands s’apprêtait à attaquer le camp, l’abbé Mathis réussit à donner l’alarme mais fut arrêté dans les bois entre Le Hatrey et Grandrupt, frappé mais refusant de parler il fut libéré. Le même jour, une automitrailleuse alliée tua deux officiers allemands dans le village d’Hennezel et afin d’éviter les représailles, le maire Marcel BERTOLDI et le curé Mathis estimèrent qu’il fallait leur donner une sépulture décente ; l’inhumation eut lieu dans le cimetière du village, le 9 septembre à 14h. Une heure plus tard, un détachement de plusieurs centaines de soldats allemands encercla Hennezel, perquisitionnèrent les maisons, et regroupèrent quatorze otages dans la salle d’école, dont le maire, le secrétaire de mairie M. COLLIN, son ami séminariste Jacques Marion originaire de Rambervillers et l’abbé Mathis. Dans le presbytère, les Allemands trouvèrent des papiers compromettants, historique du maquis de Grandrupt et inventaire du dernier parachutage.
Les soldats allemands le martyrisèrent dans une écurie afin qu’il avoue des informations sur la résistance vosgienne, mirent le feu au presbytère d’Hennezel et l’exécutèrent d’une rafale de mitraillette dans la cour de la mairie-école. L’abbé Mathis cria « Vive la France ! ». Le sous-officier l’acheva d’un coup de revolver dans l’oreille ; il était 17h30.
Les résistants FFI du maquis se rendirent pour éviter les représailles sur les villages de Grandrupt et Vioménil.
L’abbé Pierre Mathis a reçu la mention « Mort pour la France », le 12 juin 1946. Son nom est inscrit à Hennezel sur le monument aux morts, dans l’église Saint-Stanislas et sur le monument commémoratif comportant deux croix de Lorraine et une chrétienne, qui est dédié à sa mémoire où est inscrit :« Curé d’Hennezel, héros de la résistance nationale, torturé et fusillé par les Allemands en haine de la France et de la foi le 9 septembre 1944. » Il est également gravé sur le Mausolée de la Libération d’Ambiévillers en Haute-Saône érigé par le curé de la paroisse, l’abbé Ernest Géhant.
Initiateur du Musée du verre et des activités traditionnelles de la forêt, la collection de l’abbé Mathis brûla dans la cure, incendiée par les soldats allemands juste avant son exécution ; c’est au début des années quatre-vingts qu’un nouveau projet se concrétisa, et en 1987 ouvrit la salle évoquant la Résistance et l’abbé Mathis.
Tous les ans un hommage est rendu aux victimes du maquis de Grandrupt-de-Bains, cent-vingt résistants morts en déportation, à Dachau, ainsi qu’à Pierre Mathis et le séminariste Jacques Marion torturé avec Mathis à Hennezel et exécuté sommairement le 18 septembre 1944 à la prison de la Vierge à Épinal (Vosges).
Martyre de M. l'abbé Pierre MATHIS le 9 septembre 1944
Suite du rapport de M. Marcel BERTOLDI, Maire d'Hennezel au sujet de la mort de M. l'abbé Pierre MATHIS, curé d'Hennezel, fusillé par les allemands le 9 septembre 1944.
Ils remmenèrent alors l'abbé Mathis à la cure et commencèrent à le maltraiter d'une façon odieuse pendant Qu'ils l'interrogeaient. Ils le conduisirent ensuite dans une écurie de la maison PICHOL et l'y enfermèrent avec le séminariste MARION, la mère de l'abbé Mathis (qui habitait à la cure) put à grand peine embrasser son fils lors de son départ de la cure.
Les allemands emportèrent de la cure de nombreux papiers appartenant à l'abbé Mathis, papiers concernant surtout l'histoire locale.
Au cours de leur perquisition, les allemands parlaient de faire fusiller tous les otages et d'incendier le village en entier en représailles de la mort des deux allemands en disant que pour chaque allemand tué ils mettraient à mort 7 français, toutefois au cours de l'enquête ils durent reconnaître que les allemands avaient bien été tués par les automobilistes anglo-américains.
Une habitante d'Hennezel, Mme MATHIEU (d'origine allemande mais habitant en France depuis son enfance et mariée à un français) avait été prise comme interprète, elle put heureusement intervenir et après de longues supplications, obtint la vie des otages, mais le commandant allemand déclara au Maire que le curé Mathis serait fusillé sur la place du village et que le presbytère serait brûlé.
Le pillage de la cure commença aussitôt d'une façon horrible vivres, vin, linges, objets de toute nature, tout était bon pour ces bandits qui ne laissèrent même pas la mère de l'abbé Mathis prendre ses propres habits et ses chaussures (elle dut s'en aller en pantoufles et en tablier de cuisine).
Les allemands aidés des miliciens entassèrent ensuite des fagots dans toutes les chambres, y jetèrent de l'essence et mirent le feu, tout le bâtiment fut bientôt en flammes. A ce moment les allemands vinrent chercher le Maire et le secrétaire de mairie pour assister au supplice de l'abbé Mathis.
Celui-ci fut extrait de l'écurie PICHOL, les mains liées derrière le dos, sans soutane et la figure ensanglantée (il venait encore d'être frappé). Il fut amené dans la cour de l'école devant le lavoir, malgré les allemands, le Maire put l'embrasser à son passage. Arrivé à l'endroit choisi pour son supplice, le curé Mathis voulut faire face à ses bourreaux, mais un sous-officier le bouscula pour le faire retourner et d'une distance de 5m environ lui tira dans le dos une rafale de 5 ou 6 cartouches de mitraillette, pendant que l'abbé Mathis criait: «Vive la France »>! L'abbé Mathis tomba aussitôt la face en avant, le même sous-officier l'acheva d'un coup de revolver dans l'oreille. Il était 17h30......
Les allemands laissèrent le corps sur place et le recouvrir d'un sac. Peu avant l'exécution, le commandant du détachement allemand avait dit au Maire : >> vous avez trois habitants d'Hennezel qui faisait partie du groupe de résistance, nous connaissons leurs noms et nous brûlerons leurs maisons, ce sont : LAVOINE (de Clairey), LAFUENTE (de Ste Marie) et Rocher (de la Grange Bresson) >>
Le corps de l'abbé Mathis resta sur place jusqu'au départ des allemands qui eut lieu vers 19h30, le corps put alors être transporté à l'église.
En quittant Hennezel les allemands emmenèrent avec eux le jeune abbé MARION, qu'ils avaient dépouillé de sa soutane. Les autres otages avaient été élargis au moment du départ des allemands. Un peu avant l'exécution de Monsieur le Curé, vers 17h un détachement fut envoyé à Clairey (par la route de la Clarisse).
En arrivant à Clairey, le chef de détachement se fit indiquer la maison LAVOINE, en y arrivant il demanda à Mme veuve LAVOINE où était son fils, celle-ci lui répondit qu'elle était brouillée avec lui depuis quelques temps et qu'elle ne savait pas où il était.
Après s'être fait donner la composition de la famille LAVOINE, le chef du détachement déclara qu'il allait faire incendier la maison et que madame LAVOINE ait à retirer ses affaires personnelles. Madame Lavoine essaya de sauver le plus possible de linges et d'effets, mais au fur et à mesure qu'elle mettait dehors les objets, ceux-ci lui étaient dérobés surtout par deux individus en civil (probablement des miliciens).
La cave fut pillée ainsi que le magasin d'épicerie de Mme LAVOINE. Les allemands s'emparèrent également de 3 porcs appartenant à Mme LAVOINE et d'un autre à M. Briand. Ces 3 porcs furent abattus à coup de revolver et emportés avec lapins, poules et six oies. La maison LAVOINE fut ensuite incendiée.
Après l'incendie de la maison LAVOINE, les allemands se rendirent au quartier de la verrerie voisin de la Chapelle, croyant que c'était le hameau de Ste Marie, ils voulaient incendier la maison LAFUENTE, les habitants leur firent à grand peine comprendre que Ste Marie se trouvait à 1km plus loin. Ce que voyant, les allemands abandonnèrent leur projet et regagnèrent Hennezel.